Évangile

Après avoir visité une multitude de locaux, de l’ancien tripot en sous-sol avec enfilade d’alcôves aux murs de pierres et moquette rouge vif, jusqu’à la cave sans jour au loyer improbable, nous sommes tombés sur un grand espace atypique et à peu près abordable.

On découvre le lieu dans la pénombre d’un couloir desservant une interminable rangée de bureaux,  qui renferment de maigres bouts de fenêtres, accablées par un faux plafond grisâtre placé si bas qu’il semble vouloir réduire à néant toute possibilité de lumière. Une épaisse moquette bleue élimée, et des voilages à la couleur indéfinissable finissent de parfaire l’ambiance de ce décor déserté depuis des années et qui sert désormais de débarras clandestin. Au bout du local, une pièce pentagonale, singulière, assez grande pour susciter la surprise.

Personne n’en veut, même l’agent immobilier nous fait les visites sans vraiment y croire. L’électricité est coupée depuis longtemps, personne ne se souvient des anciens occupants.

 

 

Pourtant, après avoir murement réfléchi, négocié, re-réfléchi puis re-négocié, et encore re-re-réfléchi, nous décidons de nous lancer. La façade du bâtiment a quelque chose de théatral, il y a du cinéma avec cette horloge aux aiguilles figées sur 11H30 et nous sommes « Rue de l’Évangile », il y a du Pasolini là-dessous.

Il va falloir tout casser, et prier.